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Je suis fille de rage – Jean-Laurent Del Socorro – #PLIB2020

« Je suis fille de rage » se remarque tout de suite dans les étals des libraires. Un livre épais, à la couverture cartonnée remplie de dorures, au graphisme un peu désuet, mais joli. Un bel objet qui claque dans les rayons de votre bibliothèque. Je vous le dis tout de suite, en plus d’être un bel objet, c’est un roman unique et magnifiquement écrit. Je suis tellement contente de l’avoir découvert grâce au plib. Merci, merci et encore merci!

Voici pourquoi:

Roman historique ou fantastique?

J’attaque de suite avec cette question, car c’est celle que j’ai vu le plus revenir parmi les lecteurs de ce livre. La réponse est: « Je suis fille de rage » est un roman fantastique ET historique. C’est possible de mêler les deux. Historique, car il nous raconte la guerre de sécession aux Etats-Unis à travers un grand nombre de personnages des 2 camps, et fantastique, car tous les chapitres du président Abraham Lincoln sont un duo de conversations/réflexions qu’il a avec la Mort.

Certains diront que la Mort peut être enlevée et que le roman serait alors du pur roman historique. Je réponds à cela, si vous enlevez la Mort des passages avec Abraham Lincoln, vous supprimez un des gros atouts de ce livres. Oui, mêler fantastique et historique est une valeur ajoutée à ce livre et lui donne une toute autre saveur. Je félicite d’ailleurs l’auteur et ActuSF pour ce choix judicieux. Bravo, continuez à nous fournir des livres d’aussi bonne qualité, vous ravirez beaucoup de lecteurs.

Guerre de sécession: késako? Est ce que je peux suivre?

J’avais déjà lu quelques histoires sur cette période, mais concrètement, je n’y connais rien du tout. ;). Le début du livre commence avec une carte (dieu merci!) et une liste des personnages clés historiques(de nouveau dieu merci!). Même avec cette aide, j’ai eu du mal à me repérer les 100 première pages . En effet, malgré des chapitres très courts et qui situent toujours l’action, les noms des personnages ne sont pas toujours mentionnées mais remplacé par des qualificatifs: « Le héros qui n’en est pas un », « le général qui ne compte pas ses morts ». Il faut donc s’imprégner un minimum avant de se souvenir de qui est qui. Mais une fois qu’on est dedans, c’est vraiment bien.

Une histoire contée

Jean-Laurent Del Socorro est un vrai conteur. A l’inverse de certains romans qui nous donnent l’impression d’être en plein cours d’histoire, il a misé sur le « storytelling » et nous plonge dans les sentiments et les ressentis de tous les personnages. Grâce à cela, on s’attache, on les comprend, on développe une réelle empathie. Que ce soit un général ou un soldat, un partisan du nord ou du sud, il n’y a pas de différence: on voit leurs doutes, leur peur de la mort, leur patriotisme mis en jeu, leurs rêves de paix, de famille et de liberté mis à mal. C’est une autre façon d’aborder l’histoire. Mais à contrario des autres livres que j’avais lu sur le sujet, j’ai beaucoup appris sur cette guerre sans avoir l’impression de le faire et je vais me souvenir des ces personnages et de certains faits marquants.

Pourquoi ce titre?

Si vous lisez une des citations plus bas, vous verrez une référence direct au titre. C’est Caroline, une jeune fille qui va partir au combat dans le camps opposé à celui de sa famille qui l’écrit. Et pourtant, ce titre peut être relié à plein d’autres personnages et moments du livre. Au final, la guerre génère plein de fille de rage. C’est justement un autre bon point de ce livre, qui montre comment la guerre change les gens et le cours de l’histoire. Comment, même avec de bonnes intentions, on ne peut éviter de devenir fille de rage et de perdre une partie de notre humanité à la guerre. Il y a beaucoup de scènes qui m’ont émues dans ce roman, mais je mets un gros plus sur la scène finale de Caroline et de son père qui est magnifique, simple mais puissante.

Conclusion

Je vous invite vraiment à lire ce livre et faire l’effort de vous plonger dedans. Il est bien écrit, bien fait et malgré ces 519 pages, vous défilerez les chapitres rapidement jusqu’au dénouement final.

Quelques citations pour la route:

  • Nous avons gagné. Croyez-moi, il est des victoires que l’on regrette.
  • Tu peux me renier. En revanche, ne dis jamais que je ne te ressemble pas, car je suis bien ton enfant. L’héritière de ta colère. Ta fille de rage.
  • Est ce qu’on arrache aussi aux Blancs leur passé quand il gagnent leur liberté?
  • Mais le pays de la mort, lui, n’a qu’une seule teinte: celui du sang noirci qui tâche notre histoire.
  • – Général, vous pleurez pour nos morts?
    – Non, Capitaine, pour moi. Car je n’aurais jamais assez de larmes pour chacun d’entre eux.
  • L’humanité restera à jamais un mystère pour moi.Vous trouvez toujours le temps pour vous tuer. Jamais pour vivre.

#plib2020 #leplib2020 #ISBN9782376862116 #9782376862116

4 commentaires sur “Je suis fille de rage – Jean-Laurent Del Socorro – #PLIB2020

  1. J’aime beaucoup la dernière citation qui reste bien d’actualité : L’humanité restera à jamais un mystère pour moi.Vous trouvez toujours le temps pour vous tuer. Jamais pour vivre.
    Quant à ta chronique, elle me rassure sur l’accessibilité de l’œuvre que je dois également lire…

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    1. Oui c’est triste car c’est toujours d’actualité malheureusement…Je suis contente si ça ait pu te rassurer. Je ne savais pas que tu faisais le plib. Ça reste un livre ou tu dois t’investir un minimum mais quand même accessible.

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